Le corps qui change, le regard qui vacille

© Henri Matisse - Nu bleu
Il y a ces moments où l’on ne reconnaît plus vraiment son corps. On le croise dans un miroir, et quelque chose en nous hésite. Est-ce encore moi, là ?
Est-ce que je peux m’aimer dans cette nouvelle forme ?
Est-ce que ce corps est encore habitable ?
La transformation du corps n’est jamais qu’une affaire physique. Elle raconte aussi des émotions, des passages de vie, des bouleversements intérieurs :
la maternité, la ménopause, une maladie, un deuil, une séparation, un handicap, une transition hormonale… Ou simplement le temps qui passe.
Avec cela, le regard sur soi peut devenir trouble, douloureux, parfois dur. Comme si aimer son corps devait être justifié. Comme si chaque changement appelait une correction.
Mais que se passerait-il si, au lieu de réparer, on apprenait à accueillir ? Si chaque transformation devenait un langage ? Une mue, une nouvelle peau, un autre rythme.
Je crois que chaque corps porte en lui des saisons.
La maternité peut être un printemps épuisé.
La ménopause, une fin d’été lumineuse, qui appelle à ralentir.
Le vieillissement, une terre qui s’assèche un peu, mais devient plus dense, plus enracinée.
Il ne s’agit pas d’idéaliser, il s’agit de donner un sens plus doux aux passages.
Il ne s’agit pas d’idéaliser, il s’agit de donner un sens plus doux aux passages.
Certain·es ressentent un éloignement profond : plus envie d’être touché·e, moins de plaisir, plus à l’aise avec la nudité, d'autres vivent de la colère, de la honte ou un désamour silencieux, qu'on n'ose même pas nommer.
Tout cela est légitime et peut être dit, traversé, accompagné.